La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) a publié en juin 2023 un rapport sur les retraités et les retraites. Elle y présente un panorama de la retraite en France, tous régimes de retraite confondus. Une étude enrichie de fiches thématiques et d’informations précises sur certains dispositifs spécifiques comme le minimum vieillesse et l’épargne retraite supplémentaire. Morceaux choisis:
Les chiffres présentés dans l’étude sont ceux de l’année 2021, dernière année connue pour l’ensemble des régimes de retraite, et des années précédentes. Premier poste de dépenses de la protection sociale, les pensions de vieillesse et de survie s’élèvent à 338 milliards d’euros en 2021 soit 13,5 % du PIB. Les dépenses de retraite sont pour l’essentiel le fait des régimes légalement obligatoires. La retraite supplémentaire qui regroupe tous les produits gérés par des sociétés d’assurance, par des mutuelles ou par des institutions de prévoyance, représente moins de 3 % du total des prestations de retraite.
Le nombre de retraités de droit direct continue d’augmenter
Au 31 décembre 2021, 17 millions de personnes vivant en France ou à l’étranger sont retraitées de droit direct d’au moins un régime français, soit 100 000 personnes de plus que fin 2020. Un peu plus d’un quart des retraités de droit direct sont dits « polypensionnés» car ils bénéficient de pensions de retraite versées par au moins deux régimes de base. Le régime général des salariés du secteur privé - qui comprend les artisans et commerçants depuis 2020 - est le plus important des régimes de retraite. Il verse des pensions de droit direct ou dérivé à 14,9 millions de personnes et 84 % des retraités de droit direct perçoivent une pension de cette caisse. Les femmes représentent une part croissante des retraités de droit direct car elles sont de plus en plus nombreuses au fil des générations à participer au marché du travail. En 2004, elles représentaient 50,8 % des retraités de droit direct ; fin 2021, cette part s’élève à 53,0 %.
L’âge de départ à la retraite a augmenté de 2 ans et 1 mois depuis 2010
En 2021, l’âge de départ à la retraite s’élève à 62 ans et 7 mois pour les retraités de droit direct résidant en France. Les femmes liquident leurs droits à la retraite en moyenne 10 mois après les hommes en 2021. Cet écart se réduit progressivement.
Le pouvoir d’achat des pensions nettes diminue en 2021
Le montant moyen de la pension de droit direct brute s’établit en décembre 2021 à 1531 euros mensuels (1420 euros mensuels après prélèvements sociaux). Soit une diminution de 1,3 % entre fin 2020 et fin 2021 en euros constants : l’accélération des prix en 2021 ne se répercutant sur la revalorisation des pensions qu'en 2022. Cependant, en tenant compte de l’ensemble des ressources et de la composition des ménages, le niveau de vie médian des retraités demeure supérieur à celui de l’ensemble de la population. En effet, les retraités ont plus rarement des enfants à charge et ils disposent davantage d’autres types de revenus que le reste de la population, notamment des revenus du patrimoine.
Les opinions et les souhaits en matière de retraite
Selon le baromètre de la DREES, les personnes non retraitées demeurent attachées à la retraite à 60 ans, même si elles sont de plus en plus nombreuses à envisager un départ plus tardif. En 2022, 59% des non retraités souhaitaient partir à la retraite à 60 ans ou avant. Parallèlement, la part des personnes souhaitant partir entre 61 et 64 ans s’est accrue, passant de 2 % en 2009 à 30 % en 2022. Cette augmentation accrédite la thèse selon laquelle le relèvement de l’âge minimum de départ à la retraite est désormais pris en compte par une plus grande part de l’opinion. Depuis 2018, la part des personnes non retraitées désirant partir à la retraite à 65 ans ou plus tard s’est ainsi stabilisée autour de 12 %. Elle était de 6 % en 2000 et a donc doublé en vingt ans.
Les motivations de départ à la retraite et celles de la prolongation d’activité
Près de trois nouveaux retraités sur quatre déclarent être partis dès qu’ils en ont eu la possibilité (73 %). Profiter de la retraite le plus longtemps possible est le motif de départ à la retraite le plus fréquemment cité : 81 % des nouveaux retraités considèrent que cela a joué dans leur décision de partir. La moitié des retraités déclarent qu’ils ne souhaitaient plus travailler. Un peu plus d’un tiers des personnes interrogées avancent des problèmes de santé qui rendaient le travail difficile, et un tiers également invoquent des conditions de travail non satisfaisantes. Quant aux facteurs familiaux (départ du conjoint à la retraite, obligations familiales), ils concernent environ un quart des personnes interrogées et sont en léger recul par rapport à 2017. Les raisons financières sont fréquemment avancées pour justifier une prolongation d’activité. Parmi les retraités déclarant ne pas être partis dès que cela leur était possible mais plus tard, 69 % invoquent le souhait d’augmenter leur retraite future en augmentant leurs droits. Les motifs professionnels peuvent également influer sur la décision de prolonger son activité : 67 % des nouveaux retraités expliquent entre autres le fait d’avoir prolongé leur activité par l’intérêt qu’ils portaient à leur emploi ou par des conditions de travail satisfaisantes. Pour les retraités du secteur privé, l’intérêt pour l’emploi exercé reste le critère le plus fréquemment mis en avant. Enfin, 46 % des nouveaux retraités déclarant être partis plus tard que le plus tôt possible ne se sentaient pas prêts à devenir retraités.
Des dispositifs de retraite encore largement méconnus
Les nouveaux retraités sont 76 % à être satisfaits du niveau d’information dont ils ont bénéficié sur leurs droits à la retraite. Concernant les dispositifs de transition entre l’emploi et la retraite, 50 % des retraités interrogés disent savoir ce qu’est le cumul emploi-retraite(cette proportion est en baisse de 9 points par rapport à 2017), et seulement 32 % connaissent le dispositif de la retraite progressive. Plus de la moitié des personnes interrogées ignorent ce qu’est le minimum contributif ou garanti. Ce dispositif permet pourtant à 40 % des retraités et, chaque année depuis 2013, à un nouveau retraité sur cinq environ, d’accroître le montant de sa pension.